La sauge blanche, un incontournable du rituel de fumigation ?
Avec l’essor récent des pratiques (spi)rituelles, la sauge blanche est devenue la star des magasins dits « ésotériques », et bien souvent un des premiers achats que l’on réalise quand on découvre ce monde.
Mais pourquoi utilise-t-on de la sauge blanche ?
Est-elle vraiment un élément essentiel à se procurer ? Quelles alternatives peut-on lui trouver ?
La fumigation, qu'est-ce que c'est ?
La fumigation est une pratique rituelle consistant à brûler des herbes séchées, sélectionnées pour leurs propriétés supposées, dans un but de purification (d’une personne, d’un lieu, d’un objet). Parfois aussi appelée « smudging », elle permet de purifier physiquement (par les propriétés des plantes) et énergétiquement, en chassant les énergies et entités négatives. Elle permettrait également dans certaines traditions de porter les prières jusqu’au Grand Esprit (ou quel que soit le nom que vous avez envie de lui donner).
La fumigation peut se réaliser en brûlant de l’encens, des « bâtons » de fumigation, de la résine, des feuilles ou du bois séchés.
Origine de l'usage de la sauge blanche
Impossible de dire depuis quand les rituels de fumigation existent ! En effet, ceux-ci sont issus de traditions à transmission orale. On peut néanmoins supposer qu’il s’agit d’une tradition millénaire, présente dans toutes les cultures et régions du monde…
Chaque région du monde a ses spécificités par l’utilisation de plantes différentes… en fonction des plantes disponibles dans la nature environnante ! Ainsi, les chamans Incas et Mayas utilisaient le palo santo, les druides utilisaient le lichen des chênes, et… les tribus amérindiennes de la région de l’actuelle Californie utilisaient de la sauge blanche.
La sauge blanche (salvia apiana) est considérée par certains peuples amérindiens comme une plante sacrée, qu’ils utilisent lors de cérémonies. L’engouement actuel pour le chamanisme explique certainement la large diffusion et utilisation de cette plante lors de rituels que l’on s’approprie aujourd’hui partout dans le monde.
Pourquoi utiliser la sauge blanche ?
Dans la tradition amérindienne, on cueille soi-même la sauge (de préférence sauvage) que l’on va utiliser, dans des lieux dont la vibration énergétique est élevée. C’est l’énergie de la plante, ses conditions de culture, la terre qui l’a gorgée, sa symbolique, qui ont une importance, et non pas l’espèce à laquelle elle appartient. La sauge blanche n’a de signification sacrée que si on la considère comme telle, ce qui est le cas pour les peuples amérindiens qui l’utilisent.
Mais qu’en est-il pour nous, dont la démarche est bien différente ? Celle d’acheter une plante cultivée à l’autre bout du monde, nourrie par une terre à laquelle nous ne sommes pas enracinés, cueillie par on ne sait qui, on ne sait dans quel état d’esprit, on ne sait où, et acheminée on ne sait comment jusqu’à nous ? Bref, c’est le grand écart entre notre démarche et la démarche traditionnelle d’origine ! Alors, en réalité… la sauge blanche n’est pas plus sacrée pour nous qu’un bouquet de haricots verts du supermarché, A PRIORI.
– Quoi ?! On nous aurait menti ? Devrait-on arrêter de l’utiliser ? Faut-il désormais brûler des bouquets de haricots verts ?
– Oui, je compatis, je comprends votre désarroi et votre déception… Quoi ? J’en fais trop ?!
Trêve de plaisanteries… Bien sûr que nous pouvons l’utiliser, mais pas n’importe comment au risque de voir son efficacité très fortement diminuée.
On peut tout à fait lui redonner son caractère sacré, si on décide qu’elle l’est pour nous, et qu’on la traite et la respecte comme telle dès qu’on en a fait l’acquisition. Néanmoins, il faut avoir conscience que les conditions qu’elle a traversées depuis sa culture, jusqu’à son acheminement jusqu’à nous, en passant par sa cueillette, font qu’elle aura une vibration énergétique bien moins puissante que dans les conditions originelles de son utilisation, et rien ne pourra remédier à cela.
Et on peut même l’utiliser sans la considérer comme étant sacrée, mais il faut garder à l’esprit que ce n’est pas la sauge en elle-même qui va purifier, mais les intentions/prières/énergies que nous exprimerons lors de nos rituels.
Et qu'en dit la science ?
Aaaah la science… ! Evidemment, comme toujours lorsqu’il est question de médecines alternatives, pratiques spirituelles, paranormal et compagnie, la science a un temps de retard et en est à des balbutiements de recherche… On s’en remet donc à nos croyances, à notre foi, à des traditions ancestrales transmises oralement et chacun doit sentir ce qui vibre juste en soi.
En gardant cela à l’esprit, voilà un petit tour d’horizon des études sur le sujet.
Une étude récente (2021) a été réalisée par des étudiants de la faculté de pharmacie de l’Université de Gdansk en Pologne.
L’objectif de l’étude était de comparer les propriétés de la sauge blanche avec les autres espèces de sauge.
L’étude conclut qu’au moins une partie des propriétés de la sauge blanche dont parlent les traditions amérindiennes étaient plausibles, à savoir : propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires, calmantes, analgésiques, anti-oxydantes, antitumorales.
Néanmoins, beaucoup d’études sur lesquelles s’appuie celle-ci se sont limitées à des tests in vitro, et il est donc difficile de conclure sur des applications sur le vivant. Des études plus poussées et avec une méthodologie indiscutable devraient être réalisées pour en savoir plus.
L’étude conclut également que la sauge blanche ne semble pas très éloignée des autres espèces de sauge en termes de biologie (et donc de propriétés).
Une étude réalisée en Inde a également prouvé que la fumigation réduit de 94% le nombre de bactéries dans l’air ambiant. Néanmoins, cette étude ne concerne pas la sauge blanche, mais un mélange de plantes et de bois spécifique à l’Inde.
On trouve également beaucoup d’articles sur internet affirmant que la fumigation produit des ions négatifs, qui annuleraient les ions positifs, responsable d’une mauvaise énergie dans le logement.
Malgré de nombreuses recherches, je n’ai pas pu, à ce jour, trouver une étude scientifique à ce sujet. Je dirais donc que cette information est à prendre avec des pincettes.
La sauge blanche a donc probablement des effets positifs sur la santé. Néanmoins, ceux-ci n’ont pas été étudiés concernant son utilisation en fumigation, mais simplement sur le plan de ses propriétés biologiques (et donc d’autres usages : application cutanée, ingestion en tisane par exemple)…
Alors, la sauge, irremplaçable ou non ?
Vous l’aurez compris, la sauge blanche, plante de fumigation par excellence, est bien loin d’être indispensable. C’est également le cas du Palo Santo, qui partage le feu des projecteurs avec elle.
Il s’agit certes d’une plante avec de nombreuses vertus thérapeutiques probables, mais c’est également le cas de bon nombre de plantes de nos contrées !
Elle ne présente donc pas d’autre avantage pour nous que d’avoir une odeur plutôt agréable et d’être pratique et facilement accessible… car EVIDEMMENT, tout le monde ne peut pas fabriquer ses propres bâtons de fumigation avec des plantes cultivées et cueillies soi-même ! La sauge est donc une option qui convient tout à fait, mais elle n’est pas la seule.
Quelles alternatives ?
Nous pouvons nous inspirer du cœur de la tradition et non de sa forme : aller cueillir soi-même en pleine conscience ses plantes, celles dont on se sent proche, et pourquoi pas même les cultiver ? Puis fabriquer soi-même son bâton de fumigation.
Bien entendu cette option est plus accessible aux personnes habitant la campagne, mais elle n’est pas impossible pour les citadins : les sorties dans la nature, plus occasionnelles peut-être, peuvent rester propices à la cueillette.
Quelles plantes de nos contrées peut-on utiliser ?
- La sauge officinale (pousse naturellement dans le maquis méditerranéen).
- Le thuya occidental.
- Le genévrier.
- Le laurier noble (et uniquement cette variété, car la variété ornementale est toxique).
- La lavande officinale.
- Le romarin.
- Le thym.
(Nous concluerons donc cet article sur ces bonnes paroles : vous remarquerez donc que vous pouvez faire brûler vos bouquets garnis au lieu de les cuisiner, on n’est pas si loin des haricots finalement !) 😀
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